Thomas vient de recoudre ses deux lobes temporaux après y avoir déniché de quoi remplir ce dernier post. Voici ce qu’il vient de nous faxer.
Alors les mecs ? Ça va bien ? On l’a bien conclu, tout en beauté, en élégance trash et rock, cette édition 2012 des Bars en Trans, hein ? Sans vouloir m’excuser d’écrire ce papier si tard, c’est un peu à cause de cette apothéose que j’ai procrastiné jusqu’à ce soir.
Cela dit, ça m’a permis de retrouver (un peu) de mes neurones et de regarder ces quatre nuits avec un peu de recul. Et puis ça prolonge un peu le plaisir, d’écrire ça en regardant une série pourrie de TF1, enroulé dans un pled, en survêt’, après une journée de boulot à écrire des trucs pour l’industrie pharmaceutique. Haaaaa bah oui, on était bien, sortir / rentrer boire des verres, fumer des clopes, voir des concerts, changer de bar…
A ce sujet, j’ai profité de mon trajet en train, en face d’une de ces vieilles fabriquées à la chaîne dans le 16ème qui m’a reniflé de haut, en tricotant une jolie layette bleue marine pour son petit fils Louis du balai dans le cul, frère de Bénédictine, pour relire ce qu’on avait fait.
Sur la foule de concerts, on en chroniqué une demi-douzaine, et encore. C’est pas un scandale, ça ??? HAHAHA, si, hein ? De toute façon, c’est de votre faute, vous aviez qu’à pas être si nombreux, on aurait pu rentrer et raconter des vrais trucs de blog de musique.
Cela dit, on s’est farci les interviews, et puis si vous aviez trop la flemme, ou étiez trop vieux pour aller voir vous-même, le blog de Nova est fort bien renseigné, comme celui des Inrocks. De toute manière, un concert, ça se vit, hein, dude… Mais t’inquiète pas, c’était vraiment super.
Alors donc, merci beaucoup à l’équipe de programmation, qui était trop occupée à boire des… heu, à gérer l’affluence colossale générée par leur œuvre, de n’avoir pas lu une ligne de cet infâme recueil de nos/vos forfaits. C’est d’ailleurs grâce à ça que je suis si crevé, ayant pu rentrer comme prévu hier et non trois jours auparavant, à grands coups de docks dans la raie.
Voilà, cela fait, passons à notre traditionnel compte rendu totalement centré sur nos personnes, échantillon représentatif que nous sommes, avec quelques années de plus, de votre panel socio. Toi aussi dans quelques années tu pourras n’être aucunement rémunéré, sauf en liquide, pour écrire un tas de conneries sur le festival vu de l’intérieur, devant la scène et par derrière (hem… me suis toujours pas remis de ces histoires de chiottes de l’espace VIP, mais passons).
Reste que cette journée débute super bien : passage au marché des Lices, un gars nous offre une de ses délicieuses clémentines. Moment de paix savoureux et de saine harmonie à l’exact endroit où régnait, il y a quelques heures encore, le chaos le plus total. Je me serais bien régalé d’une bonne galette saucisse, ma madeleine de Proust à moi, mais l’organisation me prive de ce plaisir en nous confiant aux mains expertes du capitaine Raclette, fabriqué en Suisse, et ne fonctionnant ni aux Ricola ni à l’Ovomaltine, mais bien a la Williamine.
Cet boisson chamanique helvète n’est pas un remède contre l’ivresse, je peux vous l’affirmer, mais se marie très bien avec la fondue et le vin de Savoie.
Autant vous dire que j’étais fin rô… Prêt pour aller interviewer mes cocos de la journée, Total Warr et Caandides. Je les retrouve alors qu’ils commencent juste leurs balances avec deux heures de retard… J’essaie de les choper ensemble entre une partie de Ping Pong improvisée par Total Warr sur une table de bistrot et la mise en place de Caandides. Je décide de pipauter mon interview sensée être simultanée. Je commence par Guillaume (moustache) et Benjamin (touffe, à moins que ce ne soit l’inverse). Je mesure le potentiel de n’importe quoi des deux lascars le temps d’un entretien dont vous retrouverez le contenu quelque part sur ce blog, et dont j’aurai définitivement la preuve quelques heures plus tard.
Viennent ensuite les Caandides, dont je n’ai pas demandé les prénoms (j’étais pressé et en retard). Ils m’entraînent dans leur caisse, fument des clopes, et sont fichtrement plus rock que ce que j’aurai pu croire : j’en ai même censuré mon interview dont vous retrouverez la substance quelque part au même endroit que l’autre. Notamment lorsqu’ils parlent d’une teuf à organiser en présence d’enfants pédophiles… Je ne vous en dirai pas plus, c’est mieux. J’en profite pour glisser ici que l’un de leurs talentueux graphistes a concocté un programme informatique destiné à déterminer pour chacun d’entre nous quelle serait sa sauterie idéale. J’en revenais pas de ma pertinence chatteuse. Bref, cette merveilleuse idée (autocensurée par les Caandides, effrayés par le potentiel destructeur de l’engin #cocksuckerblues2.0), sera bientôt disponible sur leur site web, ou leur facebook, je sais plus.
Je m’extirpe de la bagnole, leur souhaitant un bon concert en compagnie des deux autres rigolos, pour me tracer vite fait vers les Horizons, une tour curieusement réussie d’un point de vue architectural. La nana de Ben (qui travaille avec nous, a une compétence absolument indispensable à tout le bordel Bars En Trans, ayant trait à l’informatique, au graphisme et à l’internet) nous accueille dans son coquet petit intérieur du 30ème étage. Nous, c’est à dire environ 30 personnes de l’équipe, entre bloggueurs, team vidéo et simples curieux. Nous, et donc l’équipe de Catfish, qui s’installe pour un set de trois chansons sur le balcon. Je vais pas vous raconter en détail cet instant de finesse dans ce festival de brutes, parce que cet enfoiré de Jo m’a piqué le papier, que vous trouverez aussi quelque part dans ce blog… C’est juste que j’ai vécu un moment rare. Bon, je n’étais pas vraiment dans mon état normal, mais qui l’est vraiment après trois jours de Bars en Trans ? En tous les cas, il y avait donc ce mec, ses accords de blues chauds sentant bon le bayou et cette nana dont la voix vous secoue les tripes, posés tranquilles sur un balcon qui domine tout le centre ville de Rennes. Figurez-vous toute la mystique de l’expérience, la prise de conscience que le bruit et la fureur qui courent du bas de la place des Lices jusqu’à la place St-Anne, par la rue St-Michel et le Champs jacquet, donne vie à la ville. L’électricité semble sortir des amplis de ces centres vitaux que sont les bars, court le long des rues, intensifient l’éclairage public. Devant moi s’étendait une cité en vie, dont le centre cœur battait fort, animé de musique, de personnes aux comportements personnels parfois incompréhensibles mais dont la réunion faisait naître une harmonie. Laquelle semblait directement connectée à la guitare de Catfish, et vibrer au timbre de la chanteuse…
Fin de la parenthèse enchantée, verre de champ’ en dominant la ville. On remercie tous le monde, en souhaitant mentalement un bon ménage à notre gentille hôtesse, et avec une pensée pour le voisin qui était en train de zapper pendant notre petit bœuf entre le Téléthon et Miss France (vu par la fenêtre).
Il est temps d’aller manger, de récupérer l’énergumène qui nous sert de rédac chef et d’aller se régaler chez Caro, qui nous a gentillement nourri pendant ces trois jours. Je partage avec elle la merveilleuse tronche du fils de Céline Dion (voir interview des Total Waar), et réussi à effrayer toute l’assistance féminine. Effet contraceptif immédiat. On mange tranquille, remercions Anouk, Caro et « la gentille serveuse avec sa petite fille qui devrait vite se remettre au spectacle tellement c’est un show à elle toute seule », et filons à la place, voir le concert de Théodore Paul et Gabriel et Anna Aaron. C’est très beau, c’est bondé. Il y a un peu trop de grâce pour moi depuis le début de cette journée, donc je bois un mojito pendant que les deux autres montent photographier les artistes. Dernière étape : le Bar Hic, pour Steeple Remove, qu’on entend un peu du trottoir. On repère enfin le backstage, que l’on cherche depuis 3 jours (pourtant, c’est écrit gros). Ambiance qui nous change un peu du mood « vieille charrues en ville ». On se croirait dans le Marais, entre nana lookée et métrosexuels. Peu habitués, mes compagnons craignent que je ne les ai entraînés là non pour le concert d’About The Girl qui avait l’air de défoncer que pour voir si le Backstage pouvait devenir Backroom, sortent de là en trombe, craignant pour leur virilité (ce qui est assez marrant, voir paradoxal, quand je me les représente…).
Direction le Bar VIP, pour enfin écrire nos articles.
Je dois vous avouer que, étant en charge de pondre les compte rendus de soirée (il faut bien avouer que je suis le seul en état d’écrire arrivé à 12h00… enfin d’habitude), je me demandais chaque fois qu’est-ce que j’allais pouvoir raconter de plus par rapport à la veille. Là encore, je n’ai pas été déçu. Bien sûr, ça a continué à être le souk un peu partout, ambiance contre-teuf un peu sale dans les toilettes, fumerie multisubstances sur les canapés extérieurs, furie au bar, zone de guerre en backstage…
Rassurez-vous. D’abord, on s’est motivés et maintenus en vie à l’aide du mélange délicat au fumet racé du JäGERBOOOMB, sur les conseils de Total Waar, lesquels, nous venions de l’apprendre allaient assurer le dj set en compagnie d’Unison. Lesquels, à en croire l’hystérie qui régnait déjà sur le dancefloor, avaient commencé rudement fort. Le temps de boucler nos articles, de croiser Martin l’Enchanteur (Dieu sait quel est son rôle exact en ce monde, mais ce mec a le don merveilleux de faire apparaître des bouteilles d’alcool, n’importe où, n’importe quand), et nous voilà partis dans le tourbillon habituel : discussions avinées sur le déroulement des opérations, débats absconds, des gars très cons et degâts multiples, escapades sur le dancefloor pour checker la qualité esthétique de l’assistance, partagée entre plumeaux, punks et bombes, clopes, vodka, bières, clopes, vodka, bières..Ohhhh, un joint tendu, superbe.
Je me dis, à chaque instant : souviens-toi de ce moment, pour le raconter demain… Impossible, sans main libre pour noter, alors… tant pis. Juste le souvenir de l’épic failure d’un de nos chroniqueurs à pécho sur la piste, voire ailleurs, de croiser Ben des Total Waar, ravi de leur concert mais déjà fichtrement attaqué, deux heures avant son dj set.
Lequel commence enfin, et si vous avez lu le leur interview, vous vous doutez que je suis impatient de voir si leur performance et leurs choix sont à la hauteur de leur réponse. Et ben je suis pas déçu : Thunderdome et toute la clique improbable est au rendez-vous. Lors d’une transition pas possible entre un classique de Nirvana joué plus vite que l’original et « Maldon », LE hit de Zouk Machine joué au maximum de la puissance des enceintes, un mec complètement furieux met en danger l’intégrité physique de nos jeunes amis. Guillaume moustache reste stoïque et focus, alors que le forcené est ceinturé au pied de la scène et leur jette du champagne, tandis que Ben tente de lui envoyer un low kick (méga tatane de Converse) en pleine face… Moment de flottement, la scène et la platine tanguent, avant de reprendre un équilibre plus rassurant. Nous continuons à sauter comme des dingues sur le son, croisons notre chroniqueur en faillite sexo-sociale à plusieurs reprises entre le bar, et les spots de nanas.
Nous essayons à plusieurs fois de le ramener avec nous, mais il est persuadé d’un succès très proche. Jean-Claude Duce, sans déconner. Avec plaisir, nous croisons Anouk. Sorti de nul part, j’ai un cookie un peu pâteux qui m’atterrit dans le bec. Après une session de rassemblement longue de deux heures, entrecoupées de choses qui étaient formidables mais dont je me souviens plus, nous rentrons vers l’appartement.
Quelques heures auparavant, vers 03h00 du mat’, nous étions remontés vers les lices, qui étaient devenus entre-temps une zone de guerre : un camion de pompier se frayait un passage devant une foule rappelant plus « The Walking Dead » qu’un rassemblement d’étudiants. Des abrutis parmi cette foule avaient donc foutu le feu –littéralement- aux poubelles de la place. J’aimerai que ces mecs finissent leurs vies comme comptable à la mairie d’une ville FN, juste pour voir comme ça fait de devoir renoncer à des trucs aussi cool que les Bars En Trans. Débiles. Bon, sur le coup, ça a l’air marrant. Des types tapaient sur des panneaux en métal, persuadés d’être en rythme, et c’était affreux… Fin de la parenthèse désenchantée.
Retour à l’hôtel, débrief traditionnel autour d’un calumet en écoutant Taake. Je me couche, et me rends compte que le cookie était plus qu’un cookie. Je visualise l’éclosion rapide et répétée d’un artichaut, qui s’ouvre sur une animation Windows et vers laquelle je tombe sans fin. Je suis pris d’un fou rire de 20 minutes dans mon oreiller qui sent la tripe frite… ça pouvait pas mieux se terminer.
Merci. Rideau.
Ras le bol de trouver des questions ayant trait à la musique. Partant du postulat que probablement, les groupes aussi en avait marre, on s’est dit qu’on allait leur faire dire des trucs qui peuvent vraiment vous intéresser. Comme le moindre truc culturel à Rennes est un prétexte à une chouille généralisée, on a posé la question à Total Warr et Caandides : de quel teuf rêvez-vous ?
Caandides, Total Warr, merci de vous compromettre avec nous. Où est-ce que éliriez résidence, le temps d’une épique party ?
Total Waar : dans un château gonflable complètement immense et dément, avec des toboggans et de l’eau à proximité pour s’y jeter. Le top serait dans un Center Parc, ou carrément un zoo. Ce serait trop cool. On aurait des zèbres, des singes et des enfants. Faudrait qu’il fasse beau. En Éthiopie, ça serait pas dégueulasse.
Caandides : Un truc énorme avec une coupole. Genre le Taj Mahal ou St Pierre de Rome. On pourrait y faire une projection à 360°. Épileptique party. Sinon une pyramide maya. Ou alors dans le sous-sol du Mac Do de Ledru-Rollin.
On se sape comment ?
Caandides : alors, ben tout en blanc, pour les projections.
Total Waar : une chaussette de foot sale sur le zguègue pour les mecs, pour le concours de bifles. Et c’est tout. Les meufs sont toutes déguisées en banane.
Et pour parler un peu zic, quand même : la playlist ?
Total Waar : Pac Div, Thunderdome, le n°13. TNGHT, de la grosse trap qui chie. Le Blue album de Weezer, un peu de Sepultura, le best of des ocarinas du Pérou, Rodriguez Junior, et un peu du premier Limp Bizkit.
Caandides : Skrillex. Ça résume tout. Et les Beach Boys
Bon et qu’est-ce qu’on picole ?
Total Warr : JägerBooooomb !!!!!! Et du Whisky Canada Dry.
Caandides : Le perroquet, pour faire plaisir à notre graphiste et ses teufs de clodos. Mais bon, tant qu’il y a du pinard…
Une activité fédératrice ?
Caandides : Du Paint Jump. Tout le monde saute d’un avion et se tire dessus. Histoire de capitaliser sur le dress code.
Total Waar : Un scrabble humain. Tout le monde a une lettre tatouée sur le dos. Et faut former les mots. Bite, par exemple.
Et enfin, la guest list ?
Caandides : nous on est des gentils. Tout le monde rentre. Et surtout le mec bourré qu’on a croisé tout à l’heure, qui dormait entre le trottoir et le caniveau.
Total Waar : Bon, ben d’abord Jack Lang, hein. Les Philippes… Léotard et de Villier. Parce que leurs blazes, quand même, c’est de la merde. Krist Novoselic. Dingo, Ali Baba et ses trois p’tits cochons, et ses 40 kaïras en scooter. Bien sûr Sébastien Follin et Véronique Genest, si elle ramène du Madrange. A l’accueil, Baloo (Silence, réflexion… ils se regardent). Ah si, putain : LE FILS DE CÉLINE DION !!!
Heu…
Total Waar : non mais si, t’as pas vu la couv’ de Gala ? hahahahah. (Ils me montrent la photo, et immédiatement, je pige)———>
Et puis Le Prince et Jerôme Loisy, notre mascotte…
Merci les mecs. Je pense qu’il y a du potentiel pour une soirée pleine d’inconséquence du côté du Scaramouche. A très vite !
Dernière soirée aux Bars en Trans. Définitivement un festival qui n’en finit pas de surprendre. Ce soir, on avait rencart au 30 ème étage de la tour des Horizons pour le concert de Catfish. Professionnels jusqu’au bout du stylo, on a profité de l’occasion pour chronométrer le temps que mettait l’ascenceur Otis pour monter trente étages. Résultat : quasiment un étage / seconde, performance éblouissante. A l’image de ces deux tours mythiques dans le paysage rennais qui ont vu passer Kundera et un adepte du base-jump. Micro-terrasse parfaite pour un micro-concert surréaliste d’Amandine et Damien, sur un balcon magnifié par les lumières de la ville à perte de vue. Il faut avoir vu ça : un petit public tout ramassé et conquis par le folk-blues de Catfish en l’espace de trois titres : Have a good time, Longing, Drag you down. Dispositif minimal, belle voix féline gorgée de blues qu’on pourra toujours comparer à Moriarty mais qui puise avant tout aux sources d’Ella Fitzgerald et Robert Johnson. A moment in time disent les anglo-saxons. J’étais venu pour profiter du champagne et de la vue. J’ai rien bu mais par contre mes oreilles ont contemplé un joli moment de grâce sud-américaine. La version électrique, c’était ce soir à l’Artiste Assoiffé.
C’était ce soir au Bar Hic et si vous n’y étiez pas vous avez loupé un truc. Vous avez loupé la voix de Mélanie, un filet vénéneux perché autour du col de Borgo en Transylvanie. Vous avez loupé les guitares assassines qui font sonner My Bloody Valentine comme un classique de Burzum. Je n’ai pu assister qu’au tout début du concert, mais tout était déjà là : le regard pénétrant de Mélanie, les basses nauséeuses, et une attitude totalitaire. La 666 ème division de panzers fonçant vers Stalingrad à travers les plaines glacées de Russie. Flippant.
Je récupère les trois anti- nymphettes de Théodore, Paul et Gabriel transies de froid sur un canapé de l’espace VIP des Bars en Trans. Tout droit débarquées d’Avignon, elles passent des moon boots au parapluie sans transition.
Alors pour commencer, est-ce que vous êtes déjà venu en Bretagne ?
(en chœur) Oui !
Vous connaissez bien la région ?
(en chœur) Non, pas vraiment.
Voilà, le décor est planté faut pas leur chercher des noises aux filles de Théodore, Paul et Gabriel.
Votre premier album Please her, Please him est sorti en octobre dernier, pouvez-vous nous expliquer le titre ?
Nous avons toutes les trois flashé en même temps sur le clip du titre de Bob Dylan Subterranean Homesick Blues, avec Allen Ginsberg en arrière-plan. Celui où il fait défiler des affichettes manuscrites avec des fragments de paroles de sa chanson. Please Her, Please Him en est directement tiré, ça nous a naturellement semblé être un bon titre.
A l’écoute de votre EP Silent Veil, on vous a beaucoup affilié au style folk-rock des années 70, invoquant Bob Dylan, Fleetwood Mac et Bill Crosby comme pères spirituels. Comment votre musique a-t-elle évolué sur votre album ?
Nous on évolue pas, on régresse ! J’espère que tu l’as bien noté . On a retravaillé avec Pierre Guimard sur cet album, donc on a gardé la même équipe, mais on s’est senties plus libres, par exemple en allant plus dans la pop.
A vrai dire l’EP était arrangé hyper folk, sur l’album on a pu envisager plus de choses, plus d’instruments et pas seulement réduire le tout à des guitares, des guitares et de la basse. Nous avions un spectre plus large, nourri par des influences communes et nos apports personnels. On a pu casser les barrières…légèrement, car ce n’est pas le but de notre musique. Au final ça a été une super surprise.
Est-ce que vous pouvez m’expliquer la distribution sur scène
Chacune leur tour :
Je suis Pauline / Paul et je fais la guitare et les chœurs.
Moi je suis Gabriel, je fais la guitare/ le chant et le Clavier
Je suis donc Théodore, et je joue de la basse et je fais les chœurs.
Ahh, donc il n’y a pas de batteur ?
Si, si nous avons Benjamin notre petit batteur , qui nous accompagne partout.
Histoire d’entériner leur singularité, elles entament une interview croisée et m’interrogent sur les Bars en Trans ; elles semblent alors ravies d’apprendre que les bars sont joyeusement bondés, et pleins de Bretons. Pour les voir ce sera ce soir à 21h00 à La Place .
Le live de Hators au Mondo Bizarro, c’est un des concerts qu’il ne faut surtout pas louper ce soir si vous êtes client de stoner-grunge bien gras et surtout super efficace. Les mecs ont dû annuler leur date prévue hier soir à Paris car ils étaient coincés dans les embouteillages et du coup ils sont bien remontés comme des coucous.
Normalement on est pas trop branchés syndicalistes et hippies à guitares, mais ces gars-là nous ont vraiment tué sur place quand on les a entendu chanter en acoustique cet après-midi. Courrez les voir ce soir au Dejazey à 21h. Les harmonies de voix sont complètement dingues et j’en ai eu des frissons à chaque entame de refrain.
Immédiatement après avoir ingurgité sept litres de fromage fondu, Thomas s’est jeté sur mon ordi et a pondu ce texte relatant nos méfaits de la veille. Le Goncourt n’est pas loin.
Nous perdons plus de bloggers que l’AFP a perdu de journalistes en Corée du Nord en 50 ans. Par exemple, hier soir, nous n’étions plus que deux. Notre photographe payant une gastro mal remise et ses performances nocturnes de la veille. Il rejoignait alors la liste de nos chers disparus, victimes du froid ou de leurs vrais métiers.
Tout ça pour vous dire que si vous comptez sur cet article pour apprendre quoi que ce soit de musical, stoppez ici votre lecture et retournez écouter Beach House sur Spotify en mangeant du tofu. Parce que bien sûr, on rien vu du tout, occupés que nous étions à pondre du contenu pour cette vitrine de la navritude qu’on appelle le blog. Cela dit, des confrères journalistes d’un grand quotidien national spécialisé dans les reports de concours de boules d’anciens de l’Algérie ont trouvé le moyen de faire mieux, en allant voir un groupe qu’on ne connaissait pas, Ray Aucoin. Tu peux pas test le service culture de Ouest-France.
Du coup, on s’est quand même décidé à bouger, pour prendre la température et essayer de trouver une saloperie ou deux à raconter. Une fois bien certains que tous les concerts étaient finis, bien sûr, pour ne pas risquer une crise de mauvaise conscience. Nous quittons donc nos locaux et nous dirigeons vers l’hypocentre de tout ce cirque, le séisme Bars en Trans.
Dès les premiers mètres, un indigène du cru en costume folklorique (baggy-casquette-braguette au vent) nous accoste. On essaye de fuir. On échoue. Le type, que l’on appellera Pedro, tient absolument à nous communiquer son mal-être. L’objet de sa lubie ? Notre Dame des Landes et son aéroport. Il a donc essayé de nous convaincre d’aller aider les manifestants à « reconstruire des maisons et à faire de la soupe le mercredi ». Parce que le mardi, putain, 2 200 CRS seront mobilisés pour aller leur péter la gueule. Et si bien sûr on voulait sauver le monde en nous rendant au Festival altermondialiste du défonçage par la matraque, nous étions les bienvenus.
Autant vous dire que le type, probablement un étudiant dont les parents blindés bossent à la com’ de chez Vinci et qui ne sait pas encore qu’il fera son stage dans la camionnette des CRS en question, n’avait pas choisi les bons clients. Un coup d’œil à nos chaussures pointues en urètre de castor lapon aurait pourtant suffit à lui faire saisir l’incongruité de sa démarche.
Nous courrons donc pour nous échapper du boulet. Direction, Rue St Michel. Et ben les cocos, c’était chouette : le royaume de la grappe. Par peur de nous ramasser un bock de bière volant sur le coin du nez, nous préférons contourner l’obstacle pour arriver sur la cour des miracles de la place St-Anne. Je manque de me péter la cheville sur une énorme bouteille, aperçois Anouk, notre serveuse préférée, tenter de se frayer un passage entre des gens à l’équilibre très précaire.
La Principauté du plumeau
Vu qu’on n’avait pas pris notre diabolo et nos balles de jonglage, on s’est dit qu’on avait pas vraiment notre place dans le tableau. Retour au QG, qui s’est bien rempli depuis notre départ. Stop au bar, où l’on parvient à soutirer de quoi tenir aux serveuses sur le point de trépasser sous les assauts de la foule qui s’est massée dans le machin. Le panel social est restreint : tous grands, maigres, en schmoove, slim & écharpe et bien sûr touffus : des plumeaux sur pattes utilisant leurs corps comme des shakers.
On se réfugie derrière la scène, où l’on découvre le frigo de la prod, digne de celui du dernier des étudiants chômeurs en Art du spectacle.
Rebotini sort des enceintes poussées au maximum, et on se bouge un peu sur la piste. Pris d’une envie pressante, je slalome vers les vespasiennes, où apparemment s’organise la contre-teuf. Un couple me passe devant, et restera 20 minutes dans la cabine « enfant » des sanitaires. J’ai presque envie de vomir, mais une porte s’ouvre et un type fait rentrer 4 filles dans son nouveau chez lui, immédiatement rebaptisé « Zone Dyson ». (pour la suite : ASSUMEZ, les gens, sans déconner…)
Abasourdi, je repasse par le bar, me dandine comme peut le faire un néotrentenaire – c’est à dire de façon ridicule – sur le dj set des Juveniles, debouts sur leurs platines en mode « puits à champagne ».
Un signe nous frappe : il y a plus de types et de nanas par terre que sur leurs jambes. Nous décidons dans un rare moment de lucidité de regagner nos quartiers, afin de débriefer autour d’un bon calumet.
11H45, réveil rue St Michel : je dois admettre que la voierie de cette ville de cinglés est extrêmement performante. Après une nuit de Bars en Trans, le nettoyage après Katrina, le siège de Grozny et les 47 cyclones annuels qui s’abattent sur Haïti, avec ces mecs, ça trainerait certainement pas !
Bref, c’est toujours aussi formidable, et ce blog toujours complètement égocentrique. Je commence à avoir envie de dormir.
Le petit déj’ d’aujourd’hui nous a été servi par ce monsieur et sa main volante. Il est Suisse et du coup, il a fait comme toutes les minorités ethniques en territoire étranger : affirmer son identité en corrompant les locaux avec leur gastronomie. On a donc eu droit à deux méga-seaux de fondue de fromage des montagnes avec 200 kilos de charcuterie. Exactement ce qu’il fallait pour nous permettre d’entamer cette ultime journée :
On a causé le bout de gras en fin d’après-midi avec Matthieu alias Museum et David alias David Shaw and The Beat. Comme on commence à en avoir un peu assez de parler musique on s’est concentré sur les sujets bien plus essentiels que sont la gastronomie, et le cinéma. Morceaux choisis.
Bon, nous on adore bouffer. Comme on commence à avoir sacrément la dalle, on aimerait que vous nous mettiez l’eau à la bouche avec vos recettes préférées :
Matthieu : moi en ce moment je suis assez à fond dans le pot-au-feu ! C’est un plat complet, et réalisé avec de bons produits c’est vraiment un truc que j’adore. Servi avec un bon Bourgogne c’est le top. J’étais pas mal branché Bordeaux auparavant, mais je me suis mis à découvrir les vins de Bourgogne. Bon, par contre, pour avoir un bon Bourgogne faut quand même mettre le prix hein…
David : j’aime beaucoup la gastronomie indienne et un bon poulet curry me fait vraiment plaisir. J’adore cuisiner, prendre mon temps, adapter les recettes, c’est vraiment un plaisir.
Et côté nourritures visuelles vous êtes plutôt branché quoi ?
David : alors moi je suis un gros gros fan de séries B, de tout le cinéma d’horreur, de ces films qui te mettent mal à l’aise comme le premier Massacre à la Tronçonneuse que j’adore.
Ouai je vois. Moi le seul film qui me fout vraiment les boules c’est Funny Games de Hanneke…
David : mais oui ! Je suis d’accord avec toi ce film est vraiment dingue ! et la BO est complètement folle.
Oui, c’est John Zorn je crois qui en est responsable. Et toi Matthieu, côté ciné tu penches vers quoi ?
Matthieu : J’aime beaucoup Carpenter et les grands classiques de la SF comme Total Recall par exemple, mais aussi Shining et sa BO très oppressante. C’est le genre de choses qui m’inspire pas mal quand je compose.
Cool. Bon on vous laisse. Bon concert les gars et à ce soir !
Elle a un nom de moto mythique et un blaze qui sonne comme sa musique : iconique et positif. Bienvenue dans l’univers de Justine Bonneville alias OK Bonnie…
Bonsoir Justine. Pour commencer, qu’est-ce que c’est que cette pochette d’album (un poisson en panique dans son bocal). Un croisement entre In Utero et Prodigy ?
L’histoire, c’est qu’on cherchait un principe de clip, rapide à tourner. On est allé acheter deux poissons qu’on a foutus dans leur bocal. Le clip montrait un poisson dans une eau portée à ébullition. D’où la tronche pas possible de la bestiole. Ça nous a aussi donné la photo de pochette…
Les poissons vont bien ?
Ils s’en sont très bien sortis, ils squattent chez notre agent.
Vous avez un univers très visuel, cinématographique. Quelle est ta scène de cinéma préférée ?
J’adore l’univers de Lynch. Des images à la fois très belles et étranges, et l’énergie latente qui se cache derrière. C’est compliqué de citer une scène. Mais si je devais en retenir une, ce serait la scène de la naissance dans « EraserHead », qui résume assez bien le cinéma du monsieur.
Le côté énergique dans Ok Bonnie, c’est un truc inscrit dans vos gènes ?
Une personne nous a un jour dit qu’écouter notre musique « c’était comme rouler dans une limousine et sortir la tête par la fenêtre à 300 à l’heure ». Ça nous a marqué, et on trouve que ça dit exactement ce qu’on essaie de communiquer. D’ailleurs, le nom OK Bonnie, c’est d’abord ça : ça sonne bien, c’est positif. En plus, j’aurai rêvé m’appeler Bonnie, c’était l’occasion de me rebaptiser… Et Radiohead et Gainsbourg sont des artistes que j’adore.
Entre autres, je suppose…
Pour en citer deux, Laurent Garnier, à qui l’on doit beaucoup, et Aphex Twin.
Premiers Bar en Trans, et une adresse assez mythique : l’Artiste Assoifé. Ça vous évoque quoi ?
Une belle et surtout très longue nuit en perspective.
Merci à toi, bon concert entre nanas (Ok Bonnie joue ce soir avec Tiny Feet et Robi).
Ça va bien se passer je pense, si la moitié de ce qu’on m’a raconté sur les Bars en Trans est vrai.
Comme promis voici donc la seconde partie de notre soirée avec Aline. Attablés dans un resto du centre, les langues se délient et la conversation dérive à la grande joie de notre reporter.
Une fois le concert terminé, il était question d’une interview. Une demi-heure, faut pas abuser, histoire de. Sauf que. Je les tiens pour partie responsable de ma gueule de bois aujourd’hui. On discute de choses et d’autres devant le bar, on compare la pluie bretonne et marseillaise (Arnaud admet qu’à ce petit jeu ils prennent une branlée). On boit un coup puis deux. Et puis la faim se fait sentir. Voilà comment je me retrouve embarqué pour une interview soupe aux choux installé peinard à l’arrière de la Moule Rieuse où on reboit des coups. Et à ce petit jeu là, les Aline ont des gènes bretons.
J’avais préparé une belle question d’entrée, pour sortir des rengaines habituelles. J’en étais tout content j’étais certain que ça allait leur plaire.
Quelle est la question que vous rêveriez qu’on vous pose ?
Regard circonspect. Silence. Grand moment de solitude. Je ratais ma carrière d’interviewer avant même d’avoir commencé. Les gars, sympas, cherchent, Romain évoque l’absence de questions sur ces textes. Ouf, une piste. On décide de garder la question sous le coude. Et moi je lève le mien un peu trop souvent.
J’enchaîne avec la deuxième, bien plus inspirante. Je suis sauvé.
Vous avez écrit le tube français de 2012. Comment l’expliquez-vous ?
Arnaud : Je bois et puis je danse est un morceau fédérateur. C’est un titre qui tranche et que les gens retiennent immédiatement. Un morceau où la forme et le fond convergent.
Romain : On voulait faire un truc sur lequel les gens puissent danser. Une espèce de Funk Blanc. Et très vite les gens nous ont manifesté leur enthousiasme. Des connaisseurs comme des gens qui n’écoutent pas beaucoup de musique. Ce morceau « parlait » à tout le monde. Pas de recette possible, mais dans l’esprit ça pourrait être une bonne direction à suivre pour le deuxième album.
Le texte était écrit avant la musique ?
R : Non, on écrit toujours la musique avant. J’écoutais beaucoup Orange Juice à cette époque là. Pour ce morceau dansant, j’avais une première phrase en tête. « Je bois et puis je danse ». J’aimais bien cette phrase, sa simplicité, même si on peut la trouver un peu plate, un peu banale, c’est ça que j’aimais dans cette phrase. Ensuite l’écriture n’a pas du tout été linéaire. Il y a eu cette autre phrase ensuite trouvée dans un livre d’astronomie « Au fond du trou noir l’univers est infiniment clair ». J’en aimais la poésie, la métrique. Alors je suis parti sur cette idée d’écrire une chanson sur la frustration, sur ce type ordinaire, le perdant toujours battu par mieux que lui. C’était un texte difficile à écrire. J’ai voulu y placer un fil conducteur autour du jeu d’échecs (rapprocher de la reine, passer pour un fou) mais peut-être que cela ne transparait pas assez clairement.
Et ce clip, ce teaser ? Vous pensez à refaire un clip pour ce single ?
A : Le teaser a été filmé le soir d’un vrai anniversaire de potes. Et le clip c’est compliqué en fait.
Vincent : On a envie mais c’est dur de pas tomber dans la paraphrase. Et faire juste de l’illustration.
R : Ou alors on la joue à fond, à l’ancienne, en mode scopitone.
La soupe aux choux arrive à ce moment là. Arnaud me propose de finir sa bière pour boire du vin et Romain propose que je finisse ma bière pour me servir du vin. C’est le bon moment pour aborder une thématique pertinente.
En parlant d’alcool, la minute culturelle : Qui a écrit Les contes de la folie ordinaire ?
A : (3 secondes et demi) : Buckowski ?
Et Les paradis artificiels ?
R : (1 seconde) Baudelaire ?
Les Aline ont des références. Je peux témoigner. De l’alcool, la conversation dérive vite vers la Bretagne. Dehors il pleut mais on sort fumer une clope avec Romain. Comme je peux pas continuer l’interview, je lui pose des questions et on discute mais c’est pas pour l’interview. Damned, je viens de comprendre le concept du off. Romain me révèle qui a tué Kennedy, me montre le nouvel Iphone 6, mais désolé je n’ai pas le droit d’en parler. Et puis il pleut vraiment trop. C’est pas grave on a recommandé du vin. On reparle du concert de ce soir et de leurs trois passages en Bretagne (une fois Brest, deux fois Rennes). Ils s’accordent tous à dire que si le public breton est sympathique, attentif, il paraît parfois distant, réservé. Romain évoque le souvenir d’un public dansant à la queue-leu-leu sur Je bois et puis je danse. Forcément vu comme ça on peut pas lutter. Après quelques comparaisons d’ambiances et de salles, on en vient à parler musique et albums de l’année.
C’est quoi vos coups de cœur de l’année ?
R (sans hésiter) : Molly Nilsson, Hotel Home. Quelque chose de très doux très beau. Et puis Calendar de Motorama.
A : Twin Shadow. Le premier.
Romain intervient, lui rappelle qu’il est sorti il y a quelques années. Je propose le deuxième.
A : Ah ben non alors. Moi j’aime bien le premier.
V : Rats de Balthazar.
Le concept même de l’interview m’empêche de l’embrasser. Mais le cœur y est. L’album est effectivement terrible. On parle reprise de chansons, je leur demande s’ils ont des envies de ce coté là. Ils évoquent Jean Louis Murat, « Tout est dit » pour Inter le 7 janvier.
Et ben vous savez quoi ? C’est le jour de mon anniversaire ! (je ne sais pas traduire une élocution un peu flottante, mais vous voyez l’idée)
R : Ah mais justement on a fait ça exprès. La sortie de l’album, tout ça est planifié parce qu’on savait que c’était ton anniversaire.
A : C’est dingue cette histoire du 7 janvier. T’es pas le premier à nous dire ça, il y a plein de gens autour de nous qui sont nés ce jour-là. C’est marrant.
J’avais bien encore quelques questions mais je décide de m’arrêter là pour discuter de façon plus souple. Il est presque minuit et je sais qu’ils ne doivent pas trainer, ils quittent Rennes le lendemain à 7h00 et la journée a été fatigante. C’est donc en toute logique qu’ils m’accompagnent à l’espace artistes. Et me voilà un peu sidéré de traverser tout Rennes sous la flotte avec les Aline. On reparle climat, calanques, Dominique A et on chante du Reggiani à tue-tête. Je rentre à cinq heures. Au milieu des limaces je me traine (…) La cloche a sonné, je marche à l’envers. Je pars et puis je rentre je ne sais pas comment.
Merci les gars.
Thomas excelle dans l’art du conte. On lui a donc encore demandé de nous faire un rapport précis et circonstancié de ce qui s’est réellement produit hier soir. Attachez vos ceintures.
Hey, les mecs. On est pas au top de la réactivité, mais attendez voir qu’on vous explique.
Il faut dire qu’hier soir, au vu de nos déboires de la veille, c’était sensé être l’instant rehab’ de notre séjour. Du coup, j’avais choisi la sécurité, en allant bavasser tranquille avec St Michel, avant leur concert. A priori, je risquais pas la fracture éthylique, et ce n’était pas le demi offert par le patron qui allait compromettre mes plans.
Une fois posées nos affaires dans un endroit chauffé et habitable, deux d’entre nous prennent l’heureuse initiative de tracer au Mondo pour le set de Michel Cloup. Comme j’ai pu le lire ici, c’était formidable. De mon côté, histoire de me frotter à l’incohérence, je me dirige vers le Ty Anna, où se produit ZOB. Le temps de constater que leur truc tient vraiment plus de la performance d’art in situ que d’un véritable concert, et de nous faire la réflexion que ces mecs sont tout à fait cohérents avec leur interview. #sansqueuenitete.
On s’extirpe du mignon troquet pour se diriger vers La Place. Dépaysement total : public chic, festival de mèche/banane. On s’incruste entre deux nanas super mignonnes pour assister à la performance d’Aline, le temps de s’hydrater à la pression.
Retour au Ty Anna, impossibilité de se frayer un chemin jusque la scène pour checker Harold Martinez, mais ça avait l’air vachement bien. On aime bien Tanguy –Tepr- donc on glisse le long des rues blindées de soulards jusqu’au Chantier. Nos bonnes résolutions s’éteignent peu à peu sous l’influence d’un shoot de Jager accompagné d’une boisson exotique à base de rhum, légèrement aromatisée aux fruits. Tepr s’en sort à merveille et éclate tout le monde dans un Chantier rempli ras la gueule.
Abdication de l’équipe au complet, qui décide d’aller se poser pour pondre les interviews du jour.
Ambiance du QG : playlist des Bars en Trans, djing sans queue ni tête mais bien pêchu. Écrire dans ces conditions relève de l’exploit : clopes sur clopes, son au maximum, le spot s’apparente à une fourmilière enfumée, grouillant de gens improbables. Comme par magie, apparaissent entre nos ordis 2 bouteilles de vodka fraîches à point et une bouteille de sky. Le début de la fin pour nos organismes.
L’Apocalypse
Impossible de vous raconter par le menu le déroulement de la fin de soirée. Des moments forts, par contre, à la pelle : notre photographe perché sur la table, tournant autour de ses pintes de sky/coke, vos humbles serviteurs s’entêtant à débattre de théologie et de cohérence éditoriale en s’enquillant sans sourciller les deux bouteilles d’alcool russe. Se joignent à nous l’équipe de la vidéo, puis les mecs d’Aline pour se faire shooter par notre photographe.
6h00 du mat’, paysage apocalyptique dans le bureau : le key-man de Juveniles arrive du dancefloor d’à côté, melting pot improbable de meufs pas possibles, de mecs hyper lookés et de roadies de Johnny Halliday. Le type a la gueule complétement éclatée et ressemble à Didier Super après une soirée dans une cave de Sarcelles. Il pisse son sang sur nos claviers et le sol, qui bien sûr ne colle pas encore assez…
Il est temps de mettre fin au cataclysme, la production nous ordonne de ranger. Nous nous exécutons avec plaisir, retournant les tables sur le sol pour donner la touche final au saccage. C’est vraiment super ce festival. À demain.
Aujourd’hui à Rennes pour les Bars en Trans, j’avais rendez-vous avec les Aline. Pas facile quand en l’espace de quelques mois les anciens Young Michelin sont devenus la coqueluche du web et de la presse spécialisée (chanson de l’année avec Je bois et puis je danse pour Magic par exemple). Chassés-croisés pendant la journée, pour finalement tomber sur Romain (le chanteur) pendant la balance au bar de La Place. Rendez-vous est pris pour le concert et pour une after à la Moule Rieuse. Tout un programme.
20h30. Aline est dans La Place. Bondée. Visiblement il se passe un truc. Leur journée a été chargée, l’année 2013 s’annonce bien, et après bien des péripéties réjouissantes, les cinq montent sur scène. Et d’un coup, revival. L’idée de retrouver le son qui envoie à l’ancienne : brut, sincère, électrique. Les Aline s’emparent de l’ambiance malgré un son qu’on aimerait parfois plus composé, plus rond. Peu importe, l’énergie est là, et les Aline envoient à fond. Des morceaux familiers, des morceaux en devenir. Magnifiques pendant le concert : « Hélas », « Teen Whistle », « Elle et moi », « Regarde le ciel », Et le final « Les copains ».
L’album sort le 7 janvier (date importante c’est mon anniversaire). Et d’après ce que j’ai pu en entendre, il pèse lourd. Après, il faut raconter la suite. L’after d’after, l’interview à la Moule Rieuse et tout le reste. Patience, je suis dessus là.
Il est super sympa, son live est une vraie tuerie et c’est un peu le next big thing des mois à venir. Il était hier soir au Chantier et c’était bon, très bon.
Si je vous dit « Klub des Looser » ? Pour vous, ça le fait d’être nés sous le signe du « V » ?
Emile : En fait, perso, je suis Parisien, mais je me réclame de Versailles.
Philippe : Techniquement, on est Versaillais d’adoption. Bon, moi depuis que j’ai 4 ans. Emile, on l’a adopté et pris sous notre aile.
Emile : Ça peut paraître bizarre de dire ça, mais mine de rien, 75% de nos morceaux sont « home made », directement sortis de la piaule de Philippe.
Philippe : On admet qu’on a ni les moyens techniques ni le niveau pour rendre des prods « parfaite », genre grosse machine à l’américaine. On est un peu à l’antithèse de cet objectif, et faire ça entre nous et nos instruments, à domicile, ça permet de se lâcher. Je sais toujours pas lire la musique, et j’ai pas l’intention de m’y mettre ! On adore les « accidents » d’enregistrement , les imperfections, ça donne à nos morceaux un supplément d’âme.
Franchement, c’est quoi ce truc, avec Versailles ?
Philippe : En fait c’est une ville où on s’ennuie, mais c’est aussi très reposant. C’est un endroit qui a un vécu, une âme et une atmosphère, dont on adore s’inspirer, mais qui laisse aussi tout l’espace pour s’exprimer. J’adore l’histoire de France, et Versailles en est imprégnée. Mine de rien, cette ville a du caractère. Avec un peu d’imagination, les soirs de brouillard, on peut limite entendre le bruit des sabots et les roues des carrosses.
Emile : Notre manière de fonctionner, c’est beaucoup de bricolage, c’est artisanal. On a ce goût de l’ancien qu’on s’approprie et qu’on essaie de véhiculer au travers de notre musique. C’est vraiment la démarche de St Michel. On a une identité Française qu’on assume.
Et la question qu’on a dû vous poser cents fois…
Philippe : La scène Versaillaise ? Phoenix, Air et les Daft ? On va pas se le cacher, c’est dans notre patrimoine. Ce sont des groupes aux identités fortes, mais il y a un élément commun : le synthé. Cette culture électro, on l’a en nous, comme je pense la majorité des groupes de notre génération.
Emile : Si on devait un peu décomposer le style St Michel, on retrouve un peu du son planant de Air, des guitares de Phoenix et du beat de Daft punk.
On observe un gros dynamisme de la scène française. Peut-on parler de néo French touch ?
Philippe : On est plus dans une évolution que dans une renaissance. La French Touch, c’est d’abord le son des Daft. Et au fur et à mesure, cette scène s’est ouverte, jusqu’à aujourd’hui. On adore notre environnement musical. Un exemple parmi d’autres : Nicolas Jaar. Il fait un truc totalement différent, mais quelque part, on se rejoint.
Emile : On se croise tous de scène en scène, il y a une émulation super stimulante, et au final, il y a tout un panel -très large- de sons qui s’est développé.
Vous parliez de la démarche St Michel. Le nom est très symbolique.
Philippe : On a décidé d’assumer complétement notre identité. St Michel, ça claque « français », et l’histoire -St Michel et son dragon- a une dimension épique, de conquête qu’on trouvait vraiment intéressante.
Conquête ?
Philippe : C’est aussi ça un groupe : partir à la découverte de territoires à investir, et rallier des gens, les réunir autour d’une cause, la musique.
Belle conclusion, merci les gars. Bon concert, bonne conquête du Dejaz’. Pour le coup, ça devrait pas être trop compliqué…
Fidèle à lui-même, on a passé un chouette moment avec Tanguy Destable alias Tepr. Une bonne demi-heure de discute durant laquelle il évoque pour nous son amour pour le skate, la bass music US et la folie des tournées.
Mmm… Il doit y avoir Tony Alva et compagnie là ? Le skate board c’est 15 ans de ma vie, à la vie à la mort. Ce qui me plaisait dans le skate, c’est l’esprit crew. Je skattais avec 6 gars de mon coin, on allait sur le parking d’Euromarché parce qu’il n’y a que des pavés à Morlaix. On achetait le matos par correspondance ou on allait à Paris chez Street Machine. J’avais customisé des Méphistos qui étaient, et sont toujours des pompes de vieux mais qui étaient super robustes. On a fini par tous arrêter avec les études. J’ai eu peur des blessures aussi, je commencais à tourner, j’ai dû choisir. Maintenant il m’arrive lorsque je suis en tournée dans des lieux mythiques du skate, comme ce fut le cas avec Yelle aux États-Unis, d’acheter un board pour 5 minutes de plaisir et de la laisser après à un gamin (rires).
Un putain de label qui m’a complètement retourné quand j’étais ado. Le premier Dre, « the chronic », ensuite Snoop, 2pac. C’est un label majeur qui a eu sur moi une influense décisive.
C’est sûrement l’instrument de musique que je déteste le plus au monde, c’est l’enfer a programmer, et le mini écran détruit les yeux. Mais on a quand même reussi à sortir 3 albums avec mon pote Lionel Pierres d’ Abstrakt Keal Agram. On avait passé tout un été à repeindre la maison de ses parents pour pouvoir se la payer. Aujourd’hui, je suis tellement content de l’avènement de la MAO, des plugins etc… Je ne suis pas du tout nostalgique de l’analogique même si je reste fan de la dynamique et du groove de la MPC.
Ah, Rappers From Hell ! C’est un collectif que j’ai monté avec des potes des beaux arts début 2000 avec David Moreau et Samir Mougas. On graffait et on taggait un peu, c’est toujours cette histoire de crew, d’être avec des potes qui aiment les mêmes choses, qui partagent les mêmes influences.
Tu étais aux beaux arts de Rennes ?
De Quimper ! Super ghetto, comme tu peux l’imaginer !
C’est mon tatouage, enfin non ce n’est pas le mien précisément mais j’ai aussi un clavier sur le bras. J’ai, en toute modestie, un « T » sur l’autre bras. Bravo la mégalomanie ! En fait ces deux tatouages sont juste là pour symboliser la tournée americaine avec Yelle. Pour moi, et cela je le pensais déjà avant de faire de la musique, la tournée américaine, c’est l’avènement. Avant d’y aller ca me semblait inaccessible, un rêve inatteignable. Et puis Yelle et son producteur Grand Marnier m’ont offert la possibilité de le réaliser, je ne les en remercierais jamais assez. Le tatouage, je l’ai donc fait à New York pour graver symboliquement cette histoire sur mon corps. C’est tellement ouf qu’il fallait que je fasse un truc pour m’en rappeler.
Les bandes son de jeu vidéo… On a tous eu une Master System ou une Nes, j’ai tellement trippé sur la musique d’Alex Kid ou de Shinobi. Mais la musique 8 bits est très vite devenue pénible. J’ai quand même fait un morceau « 8bits love », parce que l’altération du traitement 8 bit sur le son est intéressante.
On a fait ce logo avec Grand Marnier pour mon site, j’avais tenté une petite expérience pendant un an de faire un morceau par mois, que j’offrais en téléchargement. J’avais environ 200 téléchargements par mois avec des retours cools. C’était une phase pendant laquelle je ne savais pas trop si je devais continuer à creuser sur la techno ou plutôt retourner à mes premiers amours qui sont le rap et la musique experimentale « black ». J’ai donc creusé, ça m’a permis d’avancer. Je sais maintenant que j’ai plus envie d’avancer dans la lignée de « Côte Ouest ».
Les armoiries de ma ville et sa célèbre devise « S’ils te mordent, mords-les ». Je l’adore, j’ai même voulu me le faire tatouer pendant un moment, mais n’ai pas eu le temps de le faire.
Le truc de malade, on l’a fait deux fois avec yelle, c’était dingue, j’y repense toujours avec des frissons… La première fois on a rempli une tente avec 6000 personnes, la seconde avec 8000 personnes, et ce avec deux horaires complètement differents mais toujours avec une ambiamce incroyable, dans la vallée avec les palmiers et une prog de malade. C’est pour moi l’image mythique de l’amérique.
Je sais pas… Je dois trouver un truc ?
Ouai je vais t’aider, ca fait 7 ans que tu as sorti « Côte Ouest ».
Ouai, j’y repensais l’autre jour, c’est dingue… Ce sont 7 années de folie pure avec des peurs comme celle de quitter Abstrakt, celle de mettre TEPR de côté…
J’ai toujours l’impression de pas avoir prouvé ce que j’ai à prouver donc c’est cool, je suis toujours en mode « fight ».
Donc tu sors un nouvel album ?
Écoute je suis en train de le mixer, ça discute avec les labels, j’ai la chance d’avoir un management hyper motivé qui aime ma musique et qui a fait ses preuves avec plein d’autres groupes. 7 ans après, je vais donc reprendre là ou je m’étais arrêté, l’après « Côte Ouest », dans sa continuité, riche de toutes ces incroyables expériences passées.
La méga-claque de la soirée, c’était tout à l’heure au Mondo Bizarro. J’avais déjà entendu causer de Michel Cloup et de ses projets musicaux, mais j’étais loin, très loin de m’imaginer ce que j’ai vu et entendu ce soir. Il chante le silence et fait hurler sa guitare sous des nappes d’acide noise en une espèce de cascade géante drone vibratoire. Les larmes montent aux yeux quand il susurre et le sang bat dans les tempes quand ses arpèges s’élèvent sans jamais sembler retomber.
La ligne rectale
Il faut parfois trouver une ligne éditoriale pour donner une identité à un blog. Et parfois, comme hier soir, elle s’impose d’elle même, nous épargnant une conférence de rédaction improductive et chiante. Petit topo : l’équipe splite, une partie se régalant du concert mortel de The Cesarians à la Bascule, les autres continuant de régler les problèmes logistiques, sans beaucoup de succès. Nous entamons notre parcours musical au Chantier, où nous tombons sur une impro de basse dub noise exécutée par un rasta blanc. On a pas bien compris, vu le bordel environnant, mais il semble que le nom de son projet incluait le mot « vaudou ».
C’est une information à vérifier, surtout que j’ai été complètement infoutu de prendre une photo correcte. Ensuite, ses potes l’ont rejoint sur scène, et c’est à ce moment qu’on s’est barré pour filer au Mondo Bizarro histoire de choper du bon à raconter sur le concert de Parabellum. Autant vous l’annoncer direct, on a pas vu grand chose, à part la masse punko énervée qui s’était massée devant la scène du « Mondo ».
Une clope, une bière : ça suffit pour faire des rencontres improbables. Comme je n’avais pas pu photographier le chanteur tout barbu du groupe (ou alors de loin, et flou), on a attrapé au passage un type pas possible, relique datée du tournage d’Easy Rider, nommé Merlin, accompagné de son pote hippie. Le temps de se faire « l’histoire du rock réinventée » par l’ami druide, on décide de se barrer. Trois mètres, la distance séparant le bar de la porte, c’est long, et je tombe sur nos gentils programmateurs, en plein débat avec le tourneur de Parabellum. Je serais bien incapable de vous faire un compte rendu de la conversation qui s’en est suivi. Inexplicablement, le type en question, tatoué, barbu et manifestement atteint, s’attache à glisser ses doigts velus de métalleux dans mon slim, me faisant cadeau d’un intense et quasi-prophétique toucher rectal, avant de m’enfiler le doigt coupable au fond de la gorge.
04h00 du matin, -10° : retour au stalag. Petite pensée pour les Pussy Riot qui doivent avoir à peu près aussi froid que nous dans leur joli goulag sibérien. J’ai déjà hâte à demain.
Cet après-midi, on a rencontré Zob. Plutôt coolos, le client. On a causé de cyclisme, de poésie, de Houellebecq, on a jeté des Ben&Nuts partout, écouté Francky Vincent et fait des cascades en vélo.
NOUS : Salut Zob.
ZOB : Salut les gars.
NOUS : Bon alors comme notre blind-test est pas encore tout à fait prêt, je suis obligé de te poser cette question banalement navrante. « Bordel, c’est quoi ce nom là, « ZOB » ? »
ZOB : Zob, c’est le nom le plus poétique que j’ai pu trouver pour exprimer mon amour de la poésie. De l’amour que j’ai pour des gens comme Brigitte Fontaine, Alphonse Marie-Louis de Prat de Lamartine, Kévin Rimbaud, et de Blazac Honoré à qui nous envoyons un DOUBLE BIG UP !
Là, un type assis juste à côté de Zob bondit se sa chaise et se met à hurler DOUBLE BIG UP !
NOUS : Ok… Bon, alors comme ça vous êtes deux ? Moi je pensais que c’était toi tout seul Zob…
ZOB : Moi je suis Zob et après il y a les artistes minoritaires. (il désigne du doigt le gars qui vient de hurler et qui s’est rassit en silence). Ça c’est Mr Gerbeck, alias Docteur Démago, aka CléDe13, dit Le Quintal Fluctuant pour les intimes. Tu dis bonjour à la radio ?
NOUS : C’est pas une radio c’est un blog. Un genre de journal sans papier mais gratuit.
ZOB : Ok. Tu dis bonjour alors ?
Là le gars émet un drôle de son de poule ou de mygale bizarre en nous souriant. On siffle d’admiration.
ZOB et après y’a Dandy Punk alias Papier Glacé qui s’occupe des larsens et de la basse. On veut rendre hommage à des gens comme Brigitte Fontaine.
NOUS : Mais elle est pas morte Brigitte Fontaine, pourquoi lui rendre hommage ?
ZOB : Je sais, mais je pense qu’il y a toute une génération qui passe à côté d’elle alors que c’est quelqu’un de merveilleux.
NOUS : Tu l’as déjà rencontrée ?
ZOB : Non jamais, mais je n’en n’ai pas très envie en fait. Je crois pas qu’il faille rencontrer les gens qui nous font rêver parce qu’après ils nous font vite plus rêver.
Il se tourne vers le gars qui fait des bruits :
ZOB : Tu veux pas nous chanter un truc de Brigitte Fontaine en langage cévenole ? Un peu comme si elle avait sucé fait un bisou au chanteur de Metallica ?
Là le gars se met à improviser un beatbox ponctué de cris de chameaux.
NOUS : Bon ok, mais c’est quoi le rapport entre Brigitte Fontaine et toi ? Artistiquement je veux dire ?
ZOB : C’est la poésie. L’amour de la poésie. Ce que je présente n’est pas poétique, mais ce que je pense l’est. Ce que j’aimerai être est poésie.
NOUS : Ok je vois le truc. Donc c’est dada, Zob ?
ZOB : Non c’est stupide de dire ça !
NOUS : Bon, je crois que c’est le moment de te faire écouter notre super playlist si elle est prête.
Là on passe Brown Sugar des Stones.
ZOB : (immédiatement) BROWN SUGAR !
On enchaîne avec un titre pourri de un single de Francky Vincent
Mr GERBECK : putain mais c’est du calypso ! Il jette des crackers d’apéritif partout.
ZOB : Ça c’est Francky ! c’est Francky Vincent ! Si tu veux c’est un peut ça Zob, un truc entre Brigitte Fontaine et Francky Vincent en passant par des univers comme ceux de Michel Houellbecq.
NOUS : Ah ouai quand même ! C’est marrant on s’est engueulés hier soir à propos de Michel Houellbecq.
ZOB : Ah ouai ? moi je suis hyper curieux de ce qu’il fait. Avant j’étais très fan, très pénétré de ses écrits. Maintenant je suis avec un peu plus de distance ce qu’il fait, tout simplement. C’est un mec qui tient la route, peut-être un peu donneur de leçons, mais on a envie parfois d’en donner des leçons quand on a un peu la haine au fond de soi. Ou un peu d’aigreur… Dans Les Particules Élémentaires, tu as un chapitre terre à terre sur l’histoire, un chapitre très scientifique sur le clonage… Enfin voilà quoi c’est pas un écrivaillon.
NOUS : Ouai c’est vrai, t’as raison… Bon on va vous laisser aller manger un vrai truc avant ce soir. C’est mieux que les chips.
ZOB : ouai c’est une bonne idée…
Mr Gerbeck : (Il se lève d’un bond) Ouai et puis on va boire des boissons locales aussi !
NOUS : salut !
ZOB : salut les gars !
On a demandé à Thomas, gentil bloggeur recruté de force, de nous raconter sa soirée d’hier de pré-festival. Quand on a reçu son texte, on a pas été déçu. Voici la première partie de son formidable récit.
La théorie de la chaudière
Je vais vous raconter comment ça se passe le festival pour le blogueur moyen, sensé vous raconter si c’est chouette. Ça part de Montparnasse, où tu chopes le train dans un pays civilisé. Tu sais pas comment, en cours de route, vers Le Mans, ton TGV mute en Transsibérien. Arrivé Gare de Rennes, tout va encore super : la ville est en mode pré-Trans, pas encore de cadavres de tous genres vautrés n’importe où, n’importe comment. Les étudiants et étudiantes étudient.
Il fait frais, pas encore froid. Premier contact avec la prod des Bars en Trans, parfait. On prend soin de l’équipe. Ça tombe plutôt pas mal, vu qu’on est tous malade à crever. Un appartement est mis à notre disposition, qu’on s’empresse de rejoindre pour y installer le QG de « 52heures ». On fantasme un truc mortel, chaud et douillet, vu que dehors, en fait, ça meule sévère.
On est tous émus en montant les escaliers qui sentent bon les années fac, la vodka bon marché et les nuits sur le palier. Ouverture de porte : décoration minimaliste, le locataire à déménagé… en coupant la chaudière. Ça vous est sûrement arrivé : si vous avez réellement besoin d’un truc, en l’occurrence de chaleur, il y a de grosses présomptions que le truc en question vous fasse défaut. Notre bonne volonté et nos compétences médiocres en matière de chaufferie ne règlent rien. L’assistance technique aux abonnés absent, nous optons pour la seule et unique solution valable : remettre le problème à plus tard et entre les mains salvatrice de la production ou du destin.
Il était de toute façon l’heure de se mettre en route pour dénicher de quoi blogger. C’est à ce moment précis que nous avons tous pris conscience qu’on allait quand même passer une nuit bien froide en mode « Hiver 54 ».