Les Cayman Kings, dont j’avais vu le concert en début d’après-midi, m’avaient un peu intriguée. D’où venait cette énergie et cet ancrage dans les 60’s?
Moi : Beaucoup de journalistes dont j’ai pu lire les reports, vous trouvent des influences légèrement 60’s. Vous êtes d’accord avec ça? Ça vous embête?
Cayman Kings : (rires) Non, pas du tout. C’est un peu le but en même temps. On y va à fond en même temps.
Moi : C’était pas un hasard?
Marvin (le batteur) : Timotey (le chanteur et compositeur) a bientôt soixante ans. Il essaie de faire perdurer un peu sa mémoire d’enfance.
Moi : C’est parce que vos parents vous ont matraqué aux sons des 60’s, ça vous a un peu défoncé la tête?
Tim : C’est vrai que moi ça a bercé mon enfance. C’est ce que j’écoutais quand j’étais petit avant d’être ado et d’écouter de la merde. Et par la suite j’y suis revenu. L’influence est là. A la base early 60’s et plus récemment fin 60’s/début 70’s.
Moi : En parlant d’influences d’adolescences, on parlait (avant l’interview) que vous étiez fans de Muse et de Kyo. (rires) Vous pouvez me citer vos « guitly pleasure » en musique?
Marvin : Moi j’en suis fier : c’est Doc Ginéco, la « Première consultation ».
Cayman Kings : C’est trop dur.
Marvin : Allez, les mecs! Vous jouez tous les jours de la musique de merde….
Guillermo (organiste) : Moi c’est Raphael. C’est le Johnny espagnol. J’ai un peu honte, mais j’aime bien. Mais bon c’est pas Johnny non plus….
Max (guitariste) : Jean-Jacques Goldman. (rires)
Moi : Et toi du coup Tim? Bon c’est dommage, il manquera la référence de Pierre (le bassiste).
Tim : Ca va être des trucs un peu néo metal que je trouve quand même bien faits. Que j’écoutais quand j’étais ado.
Cayman Kings : Vas-y, balance un nom!
Tim : Genre Korn, un truc comme ça.
Max : Mouais, c’est un guilty pleasure ça?
Tim : J’ai jamais trop tourné dans le rap, les trucs comme ça… J’ai toujours été très très rock quoi…
Moi : T’as toujours écouté des trucs bien, c’est ça que t’es en train de nous dire?.. (rires)
Guillermo : Moi j’aime bien Christophe aussi.
Moi : Bah ça va c’est pas trop pourri ça..
Marvin : C’est même un peu pédant de dire ça!
Moi : En vous écoutant en concert, j’ai trouvé que chaque instrument était mis en avant, mais en même temps l’ensemble était harmonieux. Comment créez-vous cet effet?
Tim : Ça c’est un gros travail assez technique en amont. Au début on avait l’habitude d’envoyer un gros mur de son, de manière systématique. Mais c’était fatigant. Maintenant on essaie de travailler les dynamiques pour qu’il y ait des instruments qui soient mis en exergue. Et sur scène à ce moment on se retourne vers la personne qui joue de cet instrument pour mettre celui-ci en lumière.
Moi : Heavy Candy, que vous avez joué aujourd’hui, est un son qui m’a fait vachement pensé aux Clash, London calling. C’est voulu?
Tim : Pas du tout, mais c’est bien ce que tu dis, ça me fait pensé que sur London Calling y’a un shuffle aussi. Pareil que pour Heavy Candy, ta tatata…. La manière dont je pose ma voix aussi. Même si les Clash c’est arrivé plus tard dans l’histoire du rock. Inconsciemment il y a des groupes qui nous influencent aussi, et c’est pourquoi on est un groupe pas totalement 60′. Très difficile de pas être contemporain. Des fois je me tue à essayer de trouver ce que les gamins de l’époque pouvaient écouter vraiment. D’être au plus proche de ça. Par contre c’est pas totalement ce qu’on fait, et c’est ce que Marvin disait, heureusement qu’on a des influences contemporaines et que ça se ressent dans notre musique, autrement on serait un putain de groupe de revivale, et ce serait pas intéressant.
Marvin : T’façon ce que les groupes jouent aujourd’hui c’est des trucs qu’on reprend, qui existent depuis 20 ans, 30, 60 ans, qu’on essaie de modifier, d’améliorer avec un son différent, une manière de composer différente, une attitude sur scène qui est liée à notre époque. Et nous c’est ce qu’on essaie de faire, c’est pas que de la musique qui sonne année soixante, c’est aussi une musique qui reflète notre époque.
Tim : Oui toi c’est comme ça que tu vois le truc, moi c’est un peu différent. Le garage 60’s je le vois comme un style à part entière. Il y a le garage. Et le garage 60’s pour moi c’est un style qui peut continuer d’évoluer, même aujourd’hui. Les influences d’autres époques c’est cool, mais c’est pas forcément volontaire de ma part.
Moi : Je sais qu’il y a une scène très rock à Lille, comme à Rennes. Toi Marvin je t’avais vu au Bar’Hic jouer avec un de tes autres groupes (Bison Bisou). Vous les autres vous étiez déjà venus à Rennes? Vous pensez quoi de la scène lilloise?
Guillermo : Y’a pas que du rock à Lille. Y’a beaucoup de rap. C’est très intéressant. Comme partout ça devient de plus en plus électro, mais à Lille il y a d’autres scènes un peu plus alterno, comme le rap ou le rock, qui se maintiennent.
Marvin : Ce qui est super intéressant à Lille, c’est que c’est un carrefour. Je suis d’accord avec toi Justine, Rennes est une belle scène. Même à Nantes, même en Bretagne y’a plein plein de trucs intéressants….
Moi : Mais c’est un peu enclavé c’est ça?
Marvin : Ouais c’est ça. La chance qu’on a à Lille, c’est qu’on est près de la Belgique, les Ardennes, l’Allemagne, les Pays-Bas à côté! Mais pour des projets je vais pas mal à Valencienne, et même à Valencienne je vois des trucs putain… mais c’est un bled Valencienne, mais y’a des trucs qui se passent… On est bien lotis à Lille je pense.
Guillermo : Moi je vient de Séville, et là-bas y’a pas mal de groupe aussi… mais en arrivant à Lille j’ai trouvé qu’il y avait une effervescence…
Moi : Des groupes de Lille à me conseiller? Bon, toi Marvin tu vas me dire Bison Bisou je suppose?
Marvin : Oui et puis aussi mon groupe, AB&On.
Guillermo : Moi je vais en dire un autre. Ca n’a rien à voir avec nous. C’est un groupe des années 80 qui s’appelle Guerre froide.
Marvin : C’est lillois Guerre froide?
Guillermo : Oui c’est un groupe de Lille, de cold-wave. J’aime bien la cold-wave, grâce à ma copine.
Moi : J’en ai un très bon à te conseiller, Raskolnikov, ils sont suisses, c’est de la bombe.
Max : Moi je vais citer Vélove, un groupe de garage psyché à Lille qui vaut vraiment le détour.
Tim : The Arrogant. On est les deuc groupes de garage de Lille. On a une petite rivalité mais on s’aime bien. Ce qu’ils font c’est de la bombe.
Cayman Kings : (rires) Mytho mytho!
Tim : Bah si en terme d’audience et de lieux dans lesquels on joue il y a des rivalités, mais les voir en live j’aime bien.
Marvin : Il y a un groupe de Lille que j’aime bien aussi, c’est Mr Thibaut. Il est excellent, avec Myriam, qui est à la basse, au chant, c’est vraiment bon.
Moi : Bon les gars, je vais mettre 2 heures à retranscrire l’interview, on s’arrête là!