Le scénario était bien ficelé, de la sueur durant des heures de concerts où les certitudes volent en éclats, des éclaboussures de bières, hier n’a pas suffi finalement à nous convaincre de partir, irrémédiablement convaincus qu’une autre vie est possible. Des chants d’enfants grisés par l’allégresse du moment et la rudesse du son toujours plus intense, pour se sentir vivants au milieu des autres, une communion dérisoire, courue d’avance ; mais tellement nécessaire. Alors on se l’est passé en boucle durant 52 heures, dans les rues, dans les bars boostés par les shots et le bruit ininterrompu d’une ville qui ne dormira que dimanche. Les protagonistes deviennent interchangeables, offrant une folle hospitalité à quiconque lèvera son verre une fois de plus. Les cœurs étaient réchauffés, la fièvre est montée engendrant une insoupçonnée vitalité qui nous mènera jusqu’au début du jour. Les corps en perpétuel mouvement exultent une dernière fois avec « la fille d’aujourd’hui », Ines de Rocky, intemporelle figure de force et de grâce ; quoi de plus à-propos pour conclure qu’une course disco rock échevelée au 1988 Live Club ! Ils nous ont assoiffés.
Et puis la fin du film, le besoin de silence, la fracture du tumulte pour la solitude, on troque la frénésie pour la douceur, l’immobile nous ébranle, et le pouls ralentit au point de refroidir les corps. Restent les souvenirs qui nourriront la hâte de se retrouver et d’abandonner la quiétude quotidienne pour se brûler les ailes, une fois encore.