1. Donc vous venez aux Bars en Trans 2014 pour faire la promo de votre album Canopy sorti en 2012…
Alexis : Pas vraiment.
Antoine : On est entre deux…
Alexis : On peut pas dire oui. On peut même dire non. Enfin on fait toute sa vie la promo d’un album en même temps. Canopy est sorti il y a deux ans, c’est pour ça que c’est difficile de parler de promo. Non mais là c’est une date qu’on a acceptée parce que ça faisait 4 mois qu’on avait plus joué, ça fait 6 mois qu’on est quasiment tous les jours en studio et ça fait vraiment du bien, même d’un point de vue artistique, de sortir du studio et de se confronter à la réalité. Donc on a répété il y a 3/4 jours pour préparer ce truc et tout de suite c’est beaucoup plus concret que d’être derrière un ordinateur en studio.
Thomas : Et le fait de jouer dans un bar à une certaine heure, ça crée aussi une ambiance qui est différente des festivals avec minimum 2000 personnes, quelqu’un entend la musique dans la rue et rentre…
2. Et donc Canopy en français ça signifie tout simplement canopée. Pour nos lecteurs illettrés ça veut dire quoi canopée ?
Antoine : Ça représente l’écosystème dans la cime des arbres.
Alexis : C’est tout ce qui n’est pas l’écosystème à même le sol. Mais les choix de nom d’album c’est pas simple. Je crois pas qu’on ait eu d’autre idée. En fait d’un coup on a nommé une chanson et l’album comme ça.
3. Cette année il y a pas mal de groupes belges programmés aux Bars en Trans.
Antoine : Oui surtout ici (ndlr : au Bar’hic). Ils nous ont tous mis là-dedans. Pourquoi ? Parce c’est petit, on a l’habitude des espaces confinés c’est ça ?
4. Vous les connaissez les autres groupes ?
Antoine : On en connaît deux. Même trois. Fugu Mango, c’est des potes. On les a encore jamais vus sous ce nom. Les Robbing Millions on les a jamais rencontrés mais on a plein d’amis en commun. Et puis il y a un groupe qui s’appelle Joy, c’est le chanteur de Venus qui a un autre groupe. Mais en fait en Belgique on se connaît vite tous.
5. C’est si petit que ça la Belgique ?
Antoine : C’est très petit.
Alexis : Il y a une concentration de groupes assez importante du fait que finalement on est dans des villes où il y a moins d’immeubles à beaucoup d’étages comme à Paris donc c’est plus concrètement possible de faire de la musique. Ma théorie c’est que toute la french touch, toutes les musiques comme ça, c’est des musiques complètement d’appartement, des musiques complètement confinées, des musiques d’une certaine intimité d’ailleurs, qui n’auraient jamais pu être créées dans un environnement où on a l’espace de jouer à plusieurs avec un matériel, une batterie, une guitare et tout. On défend vraiment l’idée que l’environnement définit une part de la musique qu’on fait. Non mais ça c’est vrai, c’est une théorie universelle.
6. Et vous avez l’impression qu’il y a une nouvelle scène belge en ce moment ?
Thomas : Il y a une nouvelle scène belge tous les quatre ans.
Alexis : C’est un peu comme le gouvernement.
Thomas : Ça se renouvelle assez et c’est ça qui est assez chouette finalement, il y a ceux qui continuent, qui font leur taf, et il y a des nouveaux et ça se mélange bien.
7. Et c’est quoi la journée d’un groupe programmé aux Bars En Trans ?
Thomas : Nous on a beaucoup roulé, on est venu de loin, on a roulé toute la journée, et on vient de sortir du soundcheck donc on a encore rien vu et c’est toujours frustrant.
Antoine : On est où ici d’ailleurs ? A Rennes ?
Thomas : C’est toujours frustrant quand on a beaucoup de route à faire, on arrive dans une ville et on a tous envie de voir plein de choses et on fait que passer devant en ouvrant une fenêtre et en disant « regarde c’est ça ! », et si on a la chance d’entendre un truc c’est incroyable pendant un quart d’heure, mais pas plus. Çà dans le futur si on peut se le permettre on se prendra du temps pour visiter les villes. Mais c’est un truc qu’on se figure pas du tout, mais le musicien la plupart du temps il voit beaucoup d’autoroutes et d’aéroports et c’est pas spécialement inspirant.
Antoine : Enfin on se plaint pas spécialement non plus hein.
Thomas : Non. On est ensemble et ça c’est l’avantage d’avoir un groupe. Un DJ qui tourne ça doit être assez dur, t’es tout seul tout le temps.
8. Et Rennes, même sans avoir trop vu, ça vous évoque quoi ?
Alexis : J’ai toujours eu la sensation que c’était plutôt en Bretagne que la musique se passait en France. Après c’est peut-être un cliché, du fait de tous les festivals d’été.
Antoine : Il y a plein de musiciens qui viennent d’ici quand même. Etienne Daho il est d’ici non ? Vous êtes fiers ? Ah mais tu viens pas d’ici.
Alexis : Il y a une connexion peut-être aussi avec le monde anglo-saxon qui est historique. Quand tu passes la Loire, t’as vraiment franchi une ère culturelle et musicale. Et ici justement il y a cette sensation d’être inscrit dans le schéma anglo-saxon, dont nous on a parfois l’impression d’être le dernier bastion sud à Bruxelles. Tout le monde musical anglo-saxon qui détermine la plupart des choses qu’on écoute, tout ce qu’on entend, tout ce foin là, tout ça est complètement conditionné par un truc qui en fait est complètement extérieur à nous. On fait plus du tout de bal musette et de spectacles comme on faisait avant, or c’est ça à la base d’où on vient ! Et la culture anglo-saxonne, elle pousse, on essaie de s’y raccrocher en France et en Belgique, avec beaucoup de forme souvent, à mon sens beaucoup d’artifices, et nous on en fait partie. Et il y a un moment où ça passe plus je crois que c’est en Méditerranée. En Espagne ou en Italie, tu peux pas faire ça ou alors il faut être un tout gros nom. Donc la sensation c’est que la Bretagne fait encore partie de ce monde un peu plus nordique pour la musique.
Et dernière question, une question que vous aimeriez qu’on vous pose et qu’on vous pose jamais ?
Thomas : Comment vous vous êtes rencontrés. On nous demande jamais, alors que c’est quand même vachement important. On nous demande toujours c’est quoi le style de musique que vous faites, c’est très difficile de répondre à ça, de se mettre dans une case, alors que comment vous vous êtes rencontrés c’est hyper humain, c’est des histoires de quartier, d’amis d’amis… On nous la pose pas assez souvent.
Alexis : Moi je trouve qu’on nous parle pas assez de l’histoire des chansons. Pas l’histoire du groupe, parce que finalement notre vécu il est dans les morceaux, la substance de notre vécu elle est que dans les morceaux. Surtout les morceaux qu’on a fait c’est des aventures, un morceau ça peut être une aventure de plusieurs mois. Et je trouve ça c’est souvent chouette à raconter. Mais peut-être que pour ça il faut avoir un best-of. En fait on devrait commencer par un best-of.
C’est peut-être un peu prétentieux.
Mais justement, c’est ça qui est bien, il faut être trop prétentieux.